Exposition "Le poids du silence" - Texte expographique d'Elsa Le Forban
- Elsa Le Forban
- 17 nov.
- 2 min de lecture
« Tout vrai langage est incompréhensible. »
Antonin Artaud
Le poids du silence
Des maux sur des mots
Pour arracher du sens
Le silence est un langage : celui de ceux qui sont submergés par les maux. Ils n’ont plus la force de se mettre en mots, et doivent alors réinventer leur verbe. Coercition contemporaine, l’expression linguistique se transforme parfois en poids lorsque, pour donner sens aux maux, il nous faut faire usage des mots. Pourtant, le sens, celui qui jaillit des entrailles de l’âme, doit bien s’arracher des carcans mo(ts)dernes : pour y faire face, et nous permettre d’y exister différemment, librement.

Toi qui vois le silence comme un fardeau, assieds-toi ; admire, écoute et ressens pour redevenir vivant en observant la danse tranquille et merveilleuse de ceux qui respirent le silence pour ce qu’il est, et ce qu’il porte : une autre façon d’être au monde. Absorber le sens, son essence, et la transcrire à travers ce qu’aucun mot n’a le pouvoir de décrire. Et lorsque les mots ne se suffisent plus pour tracer le portrait des maux, que les mots se changent en maux, certains décident de prendre des pinceaux.
Ceux de Samantha NICOLAS sont l’incarnation de l’ineffabilité de l’univers : ils mettent en image le sauvage à travers des regards perçants et des pas qui ne s’entendent pas, mais qui sont bien là. Car à l’heure où les ours indomptés guettent avec attention le moment venu pour l’hivernation, la main de Samantha en sort. Se souvenant presque tendrement que ce corps qui s’était placé sur pause, devenu à la fois étranger et familier, l’artiste peut à nouveau s’animer ; laissant ainsi se manifester un langage insonore, qui n’avait pourtant jamais réellement cessé de vouloir s’exprimer.
D’abord éthérée, la voix imagée de Samantha NICOLAS a peu à peu recouvré de la clarté, jusqu’à désormais crier si fort qu’il est impossible de ne pas l’écouter, la voir, l’entendre, la comprendre. Mais que comprendre du silence dans le silence ? Ce qui vous hante autant que ce qui vous contente. Car les toiles qui s’étalent ici chantent : elles vibrent dans le silence cosmique à un niveau quantique, se faisant poésie de l’infini. Les cercles galactiques, comme les pénombres fantastiques, dévorent à nouveau la vie qui a su survivre à la nuit, et c’est là l’invitation d’aujourd’hui.
Texte expographique d'Elsa Le Forban - Critique d’Art et Conférencière Nationale
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